L'Algonaute

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Le CFC et après ? interview

Poursuivre les études après un CFC est une piste pour renforcer votre position sur le marché de travail. Nous publions ici les réponses de Monsieur Laurent Bolli, professeur associé à la HEIGVD à Yverdon.

1. Beaucoup d’apprentis sortant d’un CFC hésitent à poursuivre des études.

Selon vous, qu’apporte la formation d’une Haute Ecole dans les domaines précités par rapport à une entrée directe sur le marché du travail ?

La formation apporte une posture professionnelle de type cadre intermédiaire, permettant d'accéder à des postes mieux valorisés, avec une part de vision stratégique et de management.
La multidisciplinarité de l'ingénierie des médias est une force sur le marché du travail, comme en témoignent nos alumni, qui n'ont pas de mal à naviguer entre des secteurs d'activité différents: développement technique, UX/UI, communication, marketing ou gestion de produits et de projets digitaux.
La formation est destinée à des profils qui ont la motivation et l'ambition de découvrir d'autres facettes des très nombreux métiers liés à la communication numérique, avec un accent marqué sur les aspects techniques et technologiques.
Il s'agit finalement de s'ouvrir à des savoirs, des méthodes et des compétences permettant d'appréhender des problèmes complexes, tant en termes d'enjeux que de parties prenantes multiples.

a. Quels sont les débouchés principaux des deux bachelors?

Un métier dans l’informatique

  • Développeur·euse web et mobile
  • Développeur·euse front-end, back-end et full stackChef·fe de projet technique
  • Business analyst

Un métier dans la création

  • Web designer
  • UX/UI Designer
  • Rédacteur·rice web
  • Créateur de contenus multimédia

Un métier dans le marketing

  • Spécialiste en marketing digital
  • Responsable réseaux sociaux
  • Responsable e-commerce
  • Spécialiste web analytics

Un métier dans la gestion

  • Chef·fe de projet
  • Chef·fe de produit

Un métier dans l’entrepreneuriat

  • Chef·fe d’entreprise/ Directeur-trice d'agence

2. Le numérique évolue très vite. Comment vos programmes permettent-ils aux étudiant.e.s de rester à jour et d’acquérir des compétences adéquates recherchées par les entreprises ?

Nous avons 52 enseignant·es pour couvrir les différentes unités de cours.
La plupart viennent de l'extérieur et sont donc directement impliqué·es dans le marché du travail.
Nos professeur·es et chargé·es de cours ont fait de leur spécialité leur métier et suivent donc les évolutions de leur secteur.
Par ailleurs, nous formons nos étudiant·es à cultiver leur culture numérique, à rester curieux·es et à explorer au-delà des solutions toutes faites.
Ces compétences sont particulièrement importantes pour dépasser le stade de la production, vouée à l'obsolescence, et devenir une force de proposition, de structuration et de traduction entre différents métiers spécialisés.
Finalement, notre approche centrée sur les utilisateurs, à l’interface entre les systèmes techniques et les humains, permet d’élever la maturité numérique des entreprises en tenant compte des besoins réels avant la solution technique.

a. Quelle est l’importance de la formation continue dans ces domaines ?

La formation continue est importante pour accélérer la compréhension de certains enjeux techniques (AR, VR, IA, par exemple) ou pour étendre ses capacités analytiques par d'autres perspectives (design fiction, enjeux éthiques, sobriété numérique, ethnographie contemporaine, etc.)

b. Est-il possible d’accéder aux HES sans maturité, si oui, à quelle condition ?

Non. La maturité est obligatoire.

3. Certains jeunes craignent que les études soient trop théoriques ou déconnectées de la pratique. Comment votre école maintient-elle un lien fort avec le monde professionnel ?

Par définition, faire des études, c'est se confronter à des aspects théoriques, des méthodes et des mises en pratique.
Il faut plutôt les encourager à considérer les apports théoriques comme autant de nouvelles compétences qu'ils et elles vont pouvoir utiliser dans leur mise en pratique.
Il est clair que, sans théorie,c'est-à-dire sans développement de la pensée et sans curiosité au-delà des procédures de production, il n'y a pas d'intérêt à intégrer un bachelor.
Je leur dirai que la robustesse sur le marché de l'emploi ne vient pas seulement du savoir-faire, mais aussi du savoir-être et du savoir-penser, composantes que nous enseignons au niveau Bachelor.

4. Enfin, quel message adresseriez-vous à un apprenti qui hésite encore à franchir le pas vers une haute école, par crainte de ne pas être “à la hauteur” ou de retarder son entrée dans la vie active ?

Le Bachelor est fait pour les profils CFC et donc il n'y a pas de crainte à avoir de ne pas être à la hauteur: le programme de formation est calibré pour emmener tous les étudiants à progresser à partir de leurs acquis.
Les études retardent peut-être l'entrée dans la vie active mais beaucoup de nos étudiant·es travaillent à côté de leur étude, ce qui leur permet de garder un pied dans la vie professionnelle et de développer leur réseau.
Il faut envisager le Bachelor comme un tremplin et une ouverture vers de secteurs d'activité et des carrières qui ne sont souvent pas connues des apprentis.
Notamment, un nombre significatif des diplômés issus de filières CFC continuent par un Master, ouvre leur propre agence ou continue leur carrière dans un métier qu'ils et elles ne connaissaient pas avant leur étude.

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